Analyse de l’action Apple : est-elle surévaluée en 2024 ?
Apple a-t-elle encore l'avenir devant elle?
Salam à toi 👋🏼,
Cette semaine, pour ce premier article d’analyse d’action, c’est Apple que j’ai décidé de traiter. J’aime beaucoup cette société, la première dans laquelle j’ai investi et dans laquelle j’investis encore. Cependant elle est parfois décriée : trop cher ou plus innovante.
Voyons ce qu’il en est.
1. Introduction et business model
Apple Inc. est une entreprise technologique leader qui conçoit, fabrique et commercialise une large gamme de produits électroniques, de logiciels et de services. L'entreprise a son siège à Cupertino, en Californie, et a été fondée en 1976 par Steve Wozniak, Ronald Wayne, et bien sûr, Steve Jobs, qui la dirigera de 1997 à 2011, jusqu’à quelques mois avant sa mort.
Est-ce que je comprends le business?
Avant d’investir dans une entreprise, assurons-nous de comprendre comment elle gagne de l’argent.
Apple est surtout connue pour ses produits phares comme l’iPhone, le Mac, et l’iPad. Elle propose également divers services tels que Apple Music, Apple TV+, Apple Arcade et Apple Pay.
Le business model est assez simple donc, tout le monde sait ce c’est qu’un iPhone et Apple Pay est de plus en plus présent dans notre quotidien.
On voit sur le graphique ci-dessous que le chiffre d’affaires dépend majoritairement des ventes de l’iPhone.
2. Le Management est-il de qualité?
On aime les dirigeants qui durent dans l’entreprise, et dont une grande partie de la rémunération est composée d’actions.
Tim Cook a rejoint Apple en 1998 et en est le PDG depuis 2011. Steve Jobs était un génie et beaucoup se demandaient qu’allait devenir l’entreprise après sa mort. Force est de constater que Tim Cook a relevé le défi avec brio en maintenant Apple sur les rails avec le développement de nouveaux produits et services. C’est à lui que l’on doit l’Apple Watch, les AirPods, l’Apple TV+, et autres.
C’est aussi sous sa houlette que l’entreprise a atteint des records de capitalisation boursière, plus de 3 mille milliards de dollars. Il réussit également à maintenir une tendance croissante du chiffre d’affaire.
Concernant sa rémunération, plus de 90% de celle-ci est composée d’actions. Si l’entreprise performe mal et que le prix de l’action est impacté, alors Tim Cook verra sa rémunération fortement baisser.
Il a donc le “skin in the game”, et c’est une bonne chose pour l’actionnaire.
3. Profitabilité & rentabilité
Pour identifier une entreprise de qualité avec un avantage compétitif, nous allons nous pencher sur différents ratios de profitabilité et de rentabilité. Sur l’exercice fiscal 2024, Apple affiche les ratios suivant :
Marge brute : 46%.
Une marge brute supérieure à 40% est un très bon indicateur d’avantage compétitif. D’ailleurs, Apple obtient des marges autour de cette zone depuis plus de 10 ans.
Marge nette : 24%.
Une marge nette supérieure à 20% est signe d’une très bonne rentabilité et également signe d’un avantage compétitif certain. De plus, Apple affiche ces marges élevées depuis plus de 10 ans.
Rentabilité des fonds propres (ROE) : 157% !
Cette performance de Apple est juste incroyable. Pour chaque dollar d’actionnaires investi, Apple génère 2,57$. Sur les dix dernières années, ce ratio est toujours supérieur à 35%. Ce qui est bien au-dessus des 20% que nous visons lorsque nous cherchons des entreprises de qualité, avec un avantage compétitif.
Rentabilité du capital investi (ROIC) : 30,6%
En plus du ROE, il faut aussi regarder le ROIC qui prend en compte la dette de l’entreprise. Un ROIC > 15% est signe d’une excellente rentabilité et d’un avantage compétitif, et Apple répond à ce critère depuis plus de dix ans.
En résumé, Apple affiche constamment une rentabilité et une profitabilité exceptionnelles, signe d’une entreprise en excellent santé.
Par ailleurs, le ratio Dette nette / EBITDA est régulièrement inférieur à 3. Apple n’est donc pas exposé à la dette.
4. Risques et opportunités
Avant d’investir dans une entreprise, il est nécessaire d’évaluer les risques auxquels elle fait ou fera face. Il faut essayer de “tuer l’entreprise”. Surtout lorsque cette compagnie nous plait, afin de ne pas être trompé par nos émotions.
Voici, selon moi, les principaux risques qu’Apple doit surmonter pour continuer sa croissance :
Dépendance à l’iPhone
Comme nous l’avons vu plus haut, les ventes d’iPhone représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires réalisé par l’entreprise. Apple est donc très dépendante de son produit phare dans un marché presque saturé dans les pays développés.
Pour faire face à ce risque, Apple doit :
Réduire sa dépendance à l’iPhone en développant de nouveaux produits.
Apple dépense chaque année entre 15% et 20% de sa marge brute en R&D, ceci montre qu’ils cherchent constamment à innover. Ils ont sorti le Vision Pro cette année avec un succès (très) mitigé, mais peut-être que ce n’était pas le bon moment et que ce produit fera ses preuves avec le temps. Aussi, des rumeurs circulent quant au développement de lunettes “intelligentes” comme les Rayban de Meta. Si les Rayban de Meta trouvent un public, nous pouvons être certain qu’Apple se lancera sur ce marché.
Nous voyons aussi que la part des Services (Apple TV+, Apple Store…) est en progression. Elle était de 19,6% en 2020 contre 24,6% en 2024. Par ailleurs, ils investissent de plus en plus le marché de la santé, comme avec l’électrocardiogramme intégré aux Apple Watches. Ou encore avec l’intégration, dans leurs nouveaux AirPods Pro 2, d’une fonctionnalité d’amélioration de l’audition pour les personnes atteintes de déficience auditive (fonctionnalité pas encore annoncée en France).
(Note : il faudra surveiller l’évolution de la part des services dans les revenus d’Apple, notamment Apple Music. Une trop grande proportion pourrait faire basculer le caractère halal de l’action).
Développer sa présence dans les pays émergeants.
Apple a annoncé l’ouverture de nouveaux App Stores en Inde, qui connait une croissance forte avec une classe moyenne de plus en plus aisée.
Innovation
Apple doit sans cesse innover pour garder son avantage compétitif. Leurs dépenses en R&D sont rassurantes de ce point de vue. L’intégration de l’IA avec Apple Intelligence dans les nouveaux iPhones devrait aussi booster leurs ventes. Et nous avons vu dans le point précédent qu’ils continuent de développer de nouveaux produits et services.
La succesion de Tim Cook
Tim Cook a eu 64 ans cette année et on parle de plus en plus de sa retraite. Il gère très bien l’entreprise depuis qu’il en a pris les rennes en 2011, donc son départ représente un risque.
Personnellement, je ne pensais pas qu’Apple survivrait après la mort de Stev Jobs. Force est de constater qu’ils ont fait plus que survivre depuis. Apple a une vraie culture d’entreprise, le prochain PDG sera sûrement quelqu’un qui est dans la compagnie depuis un certain temps et il parviendra à conserver la vision d’Apple, ainsi que son image de marque intactes.
5. Valorisation
Nous pouvons dire d’après notre analyse qu’Apple est une belle entreprise qui a encore des opportunités de croissance devant elle. Mais avant d’investir, il est nécessaire de s’attarder sur la valorisation pour s’assurer que l’action n’est pas sur-valorisée, et donc trop cher. Si c’est le cas, investir dans la société pourrait ne pas être rentable.
Pour cela, nous allons analyser deux paramètres :
Le Price to Earnings Ratio ou PER
Le Reverse DCF
Price to Earnings Ratio
Aujourd’hui le PER de Apple est de 35, au-dessus de sa moyenne sur les trois dernières années qui était d’environ 26. De ce point de vue, l’action Apple paraît un peu cher.
Regardons maintenant le ratio des autres grandes entreprises de la tech:
Amazon : 44
Microsoft : 36
Meta : 29
Google : 23
Vis-à-vis des entreprises du secteur, Apple se situe donc dans la moyenne.
Reverse DCF
Le reverse DCF (ou DCF inversé) est une méthode permettant de déterminer la croissance future implicite dans le prix actuel d'une action.
Si on attend un retour de 10% par an sur notre investissement, pour justifier le prix actuel de l’action, le cash flow de l’entreprise devra progresser de 15% par an pendant les dix prochaines années.
Une croissance aussi élevée semble compliquée, voire impossible à réaliser. Si nous supposons que la croissance du free cash flow des dix prochaines années sera la même que celle des dix dernières années, environ 8% par an, alors un prix raisonnable serait d’environ 145$ par action.
Pour conclure sur la valorisation, on a souvent dit que l’action Apple était cher. Par exemple, en 2008, l’investisseur value James Montier, en utilisant un modèle de DCF inversée, avait déterminé que Apple devait croître de 40% par an pour justifier son prix de l’époque. Ce qui était complètement aberrant. Pourtant, une personne qui aurait acheté des actions Apple en Janvier 2008, et qui les aurait gardées jusqu’à aujourd’hui, aurait réalisé une performance de plus de 4000%…
6. Conclusion
Malgré un ralentissement de sa croissance, Apple reste une entreprise de qualité et représente, selon moi, un bel investissement.
Sa valorisation semble élevée, dans ce cas j’aime à me rappeler ce que disait Charlie Munger au sujet d’entreprises avec une rentabilité élevée :
À long terme, il est difficile pour une action de générer un rendement bien supérieur à celui de l'entreprise sous-jacente. Si l'entreprise réalise un rendement de 6 % sur le capital pendant 40 ans et que vous la détenez pendant ces 40 ans, votre rendement ne sera pas très différent de ces 6 %, même si vous l'avez achetée avec une grande décote au départ. Inversement, si une entreprise réalise un rendement de 18 % sur le capital sur 20 ou 30 ans, même si vous la payez à un prix qui semble élevé, vous obtiendrez un résultat exceptionnel.
C. Munger